Discours d'Annick Girardin à l'inauguration du Salon du littoral le 29 septembre 2020

Mis à jour le 19/11/2020

Discours

[Seul le prononcé fait foi]

Mesdames Messieurs,

Je suis heureuse de pouvoir être présente pour l’inauguration du salon du littoral. En tant que Ministre de la Mer, venir à votre rencontre est pour moi une évidence, car je partage avec le Premier ministre la conviction que l’engagement du gouvernement n’a de sens que s’il fait le pari de la proximité.

Pour le Ministère de la mer, la proximité c’est celle du littoral, de ses habitants, de ses amoureux, des élus, des professionnels, des collectivités. Je veux que mon ministère apporte une plus-value à tous ceux qui vivent sur le littoral ou qui rêvent de se balader sur le sentier du littoral.

Dans le contexte sanitaire actuel, pouvoir être réunis aujourd’hui est une occasion très particulière de puiser dans notre capital maritime les innovations et les solidarités nécessaires pour affronter la crise économique que nous vivons.

Prononcer ici mon premier discours littoral, à la Grande Motte, est symbolique à plus d’un titre :

  • l’histoire de l’aménagement des littoraux se conjugue ici au présent : je fais référence au geste architectural de Jean Balladur, et à son engagement en faveur d’une démocratisation du tourisme. C’est aussi une terre d’innovation et j’irai visiter tout à l’heure le chantier Outre-mer. Le futur, je sais que vous allez l’inventer ici, car c’est une ambition du Plan Littoral 21, chère Carole Delga, d’aller vers un littoral plus résilient.
  • nous sommes sur les rives de la Méditerranée : c’est peut-être la Mer que je connais le moins bien, et comme je suis une femme de défis, c’est celle pour laquelle j’entends que mon Ministère s’implique particulièrement. Les traditions de coopération y sont anciennes et j’entends y contribuer pour préserver ce bien commun. J’interviendrai d’ailleurs bientôt à la Commission générale des pêches pour la Méditerranée pour soutenir une pêche durable, si importante pour l’identité et la vie de nos littoraux.

Enfin, le Président de la République a prononcé non loin à Montpellier en décembre 2019, son discours pour un XXIème siècle maritime. La création du Ministère de la Mer s’inscrit dans la suite de ses engagements, pour que la mer soit une préoccupation quotidienne de tous les français.

Pour cela je pose trois lignes de fond :



1. Répondre en mer et sur les littoraux au défi du siècle : le défi environnemental.

La biodiversité marine doit être préservée et valorisée durablement, les littoraux et espaces marins doivent contribuer au bien-être de la société : pour cela nous devons agir pour la qualité des eaux, améliorer celle de l’air, accélérer nos actions pour nous permettre d’atteindre l’objectif zéro déchet plastique en mer en 2025. Nous devons aussi permettre à chaque Français de se saisir de la préservation de la mer et d’y participer.

Et les exemples ne manquent pas où nous devons être plus performants en matière écologique : il est nécessaire d’accompagner les ports de commerce à être des « ports zéro émission ». On ne peut pas vouloir construire des liens entre les villes et les ports si de leur fenêtre les habitants voient s’élever d’énormes panaches de fumée noire.  

2. Faire de la France une puissance économique océanique en accompagnant le développement et la transformation de la filière maritime.

Malgré 91 milliards € de chiffre d’affaires, malgré 400 000 emplois liés à l’économie maritime nationale, dans l’industrie et les services, la croissance bleue n’est pas encore une réalité suffisamment marquée en France.

L’économie maritime doit jouer un rôle structurant sur nos territoires littoraux, elle organise dans tout le pays des chaînes de valeur, avec des industriels de premier rang, et aussi des pépites que nos concitoyens ne connaissent pas toujours assez, et dont ils peuvent être fiers.

Ce diffus tissu social et économique qui dynamise nos littoraux constitue le socle pour accueillir nos concitoyens et construire ce tourisme de qualité que vous revendiquez, les français l’on plébiscité cet été. Je suis déjà à vos côtés pour faciliter l’ancrage des ports de plaisance dans leur territoire, comme levier d’attractivité et je souhaite, avec vous, faire les littoraux comme autant de fenêtres sur la mer.

3. Faire rayonner la France par la mer.

Chaque Français doit réaliser à quel point la mer compte dans l’avenir de la France et de la planète. La refondation du ministère de la mer a eu des échos internationaux remarquables, ses actes politiques doivent contribuer désormais à l’action de la France en Europe et à l’international…en Méditerranée. Les pays côtiers méditerranéens sont très en demande de coopération sur tous les sujets maritimes, notamment s’agissant des infrastructures maritimes ou encore du traitement des déchets, ce qui pourrait constituer l’aiguillon dont nous avons besoin pour mettre en place concrètement un projet méditerranéen commun.

L’enjeu pour mon Ministère est de développer les partenariats et les synergies entre les acteurs pour réussir à atteindre l’équilibre souhaité et attendu depuis si longtemps entre le dynamisme des activités économiques en mer, les préoccupations sociales et la préservation de l’environnement marin et du cadre de vie littoral.

Le ministère de la mer est le ministère de la planification concertée des espaces maritimes et littoraux, de la prise en compte des usages et des usagers.

Je crois qu’ici la démarche de concertation est exemplaire, portée par l’Etat ou par les collectivités. Chers Messieurs Codorniou et Pallarès, je parle bien sûr du Parlement de la Mer ! Oui, vraiment, il n’y a pas que les Hauts de France que vous inspirez…

Nous avons fait ces dernières années de grands pas pour une gestion plus partenariale de la mer et du littoral. Je voudrais également faire référence aux travaux menés en concertation avec le Conseil maritime de façade à l’échelle des 3 régions, dans le cadre de l’élaboration du document stratégique de façade et de la première planification des espaces maritimes. Cette planification est élaborée par l’Etat en concertation avec les acteurs.

Elle fournit une base complète en vue des porter à connaissance de l’Etat pour accompagner les planifications locales. Les collectivités du littoral sont amenées à s’investir de plus en plus dans le maritime, du fait de leurs compétences, pour mieux valoriser leur situation littorale dans leurs projets de territoires. L’ordonnance de simplification des schémas de cohérence territoriale va faciliter la prise en compte de la mer par les collectivités et j’en m’en réjouis.

Je voudrais dire un mot de l’éolien flottant  dont le déploiement commercial fera l’objet d’un débat public en Méditerranée en 2021 dans le Golfe du Lion.

L’Occitanie a mené un travail important en la matière. Je pense bien sûr aux deux fermes pilotes, dont la réalisation prochaine permettra de disposer d’un retour d’expérience nécessaire avant de passer à la phase commerciale, et aux travaux entrepris à Port-la-nouvelle.

Mais je pense aussi aux efforts de concertation de tous les usagers de la mer, en particulier en préparation du débat public, avec pour chaque usage une cartographie de leurs enjeux particuliers. De tels travaux sont nécessaires pour discuter sereinement et objectivement de l’articulation des usages.

La planification concertée doit nous permettre en effet de déboucher sur des actions concrètes :

En Occitanie notamment vous avez démontré qu’il y a toujours un chemin qui doit nous permettre de résoudre les problématiques locales et les conflits d’usage, voire mieux de les anticiper. Le Plan littoral 21 est emblématique de cette approche. Et je serai vigilante à l’accompagnement de l’Etat pour les prochains défis que vous relevez dans ce cadre : la rénovation des stations du littoral et la gestion du trait de côte face à l’érosion.

Dans le cadre du plan d’action du document stratégique de façade, une centaine d’actions sont en cours de dimensionnement qui doivent permettre de faciliter la vie des acteurs et des collectivités sur le littoral et en mer. Ces réflexions s’articulent avec la préparation des prochains contrats de plan Etat – Région 2021- 2027 et bien sûr la relance.

Le ministère de la mer et ses services déconcentrés se mobiliseront aux côtés des préfets pour une relance maritime: mon ministère sera très près du terrain sur ces sujets.

Nous avons décidé de prioriser l’environnement, la cohésion sociale et la compétitivité.

175 millions d’euros sont consacrés à rendre les ports davantage attractifs et exemplaires pour l’environnement : par exemple alimentation électrique des navires à quai, infrastructures pour la distribution de GNL et d’hydrogène, infrastructures pour le raccordement multimodal.

25M€ seront consacrés au verdissement de la flotte des phares et balises. Des synergies avec les collectivités territoriales mettant en  œuvre des navires légers, directement ou par délégation, pourraient être intéressantes.

50 millions d’euros sont dédiés aux filières de la pêche et de l’aquaculture durables. Je souhaite que cela soit l’occasion de projets transformateurs, et si en coopération entre les acteurs : par exemple pour anticiper les évolutions nécessaires des engins de pêche.

Au-delà de ces sujets spécifiques la démarche est de faire inscrire des projets maritimes dans les domaines de la biodiversité, de l’innovation, des industries de la mer, du tourisme et de la culture ainsi que de la formation et des compétences.

France relance est une formidable opportunité de reconversion de notre économie pour l’adapter aux défis futurs de nos territoires.

Comptez sur moi pour conforter les approches engagées au niveau local pour prendre en compte les spécificités des territoires littoraux notamment sur cette gestion de l’interface terre / mer, croisant les responsabilités propres de l’Etat et des collectivités locales.

Mesdames, Messieurs, vous l’avez compris, ma méthode c’est la co-construction. Alors je vous souhaite de beaux échanges et de belles rencontres pendant ce salon pour partager nos ambitions maritimes et méditerranéennes.