Discours d’Annick Girardin lors de la clôture des journées d’études de l’ANEL

Mis à jour le 19/11/2020

Discours

Madame Annick Girardin, ministre de la mer, a prononcé un discours lors de la clôture des journées d’études de l’ANEL à Saint-Valéry-sur-Somme le 16 septembre 2020

Monsieur le Ministre,

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les élus,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis.

Je suis heureuse d’être présente pour la clôture de vos journées d’études. Je suis heureuse car je me rappelle avoir été à vos côtés pour votre première dans les outre-mer à La Réunion en 2017. J’étais alors Ministre des outre-mer, et je suis fière de vous retrouver en tant que Ministre de la Mer.

Merci à Monsieur le Président Jean-François Rapin pour son invitation et à Monsieur le maire Stéphane Haussoulier pour son accueil dans cet endroit majestueux qu’est la Baie de Somme. J’ai eu la chance hier d’en découvrir la beauté et les enjeux de gestion et d’aménagement.

Cher Jérôme Bignon, comment ne pas ici saluer votre action pour une gestion intégrée pour préserver cette « délicate rencontre de la terre et de la mer », pour laquelle l’action ne peut être que partenariale.



Vous avez travaillé ces deux jours sur le retour de vos expériences d’élus locaux en matière de gestion de la crise et sur les synergies à développer pour la relance. Cette crise nous rend tous apprenants ! Elle doit remettre l’humilité et la solidarité en haut de l’affiche.



Mes récents déplacements m’ont démontré que pour cela, le dialogue territorial permet de porter des ambitions fortes.



Je pense au défi fédérateur pour la mer et le littoral de Philippe Grosvalet en Loire-Atlantique.

Je pense aux échanges à La Rochelle mardi avec le maire, les élus de la Région du département autour de l’ambition projet de territoire littoral zéro carbone.

Je pense aussi aux échanges que nous avons eu hier Monsieur le Maire dans la baie de Somme où des usagers attendent de nous, les politiques, que nous prenions nos responsabilités pour apaiser les conflits d’usage et construire un futur commun plus juste et plus durable.

La création du Ministère de la Mer participe de la volonté du Président de la République de faire de la mer une préoccupation quotidienne de tous les français. Au fond, c’est un défi transpartisan comme sait les porter l’ANEL ! Comme l’est celui de construire un XXIème siècle maritime ! Il est incontournable que nous apprenions à travailler ensemble pour plusieurs raisons.

J’ai voulu venir aujourd’hui pour plusieurs raisons…

La première, et elle est peut-être anecdotique, c’est que la fille de marin, née à Saint-Malo et ayant vécu toute sa vie à Saint-Pierre-et-Miquelon ne peut être qu’une amie du littoral. De tous les littoraux, métropolitains et ultramarins.

La deuxième, c’est pour vous parler du Ministère de la mer.

La troisième c’est pour partager avec vous un projet que je souhaite porter à vos côtés.

Sur le Ministère de la mer, je voulais vous dire que je me réjouissais de croiser ici ou ailleurs des personnes qui ont concouru à sa création. Je vais sur le terrain et je le sens : le gouvernement doit incarner une politique française ambitieuse. Que ce soit sur les champs économiques, environnementaux et géopolitiques.

La mer est un territoire, il faut le définir, l’encadrer, le protéger mais aussi le défendre ; si la mer est un territoire, moi, je suis la ministre des usages et des usagers.

Sacré défi ! Car les uns et les autres peuvent entrer dans des conflits mortifères qu’il faut prévenir et tenter de résoudre. Les gens de mer parlent avec leur cœur, avec leurs tripes, il faut l’entendre pour bien les écouter !

Souvent dans mes déplacements, je vais le plus au contact des élus, des socio-professionnels. Chacun a le droit d’être entendu.

J’ai un parti pris fort pour poser mon action politique, celui de la planification. Je sais que le terme peut étonner ou inquiéter même car pour nous tous la mer c’était la liberté, mais je crois qu’il est indispensable que nous ayons cette approche !

Il nous faut planifier jusqu’à 2050.

Je prends l’exemple de l’énergie éolienne en mer. Savez-vous que nous pourrions avoir, si nous faisons les bons choix, près du quart de l’énergie française produite par cette source propre en 2050 ?

Mais ce nouvel usage de la mer n’est pas sans générer des conflits, avec les pêcheurs, avec la marine marchande, avec les amoureux du paysage. Alors quoi ? On va morceler notre vision, éolienne par éolienne, et s’enfermer pour un temps indéfini dans le cycle des enquêtes publiques et des recours ?

Je souhaite être davantage présente dans les débats publics éoliens.

Nous avons fait ces dernières années de grands pas pour une gestion plus partenariale de la mer et du littoral.

Le partenariat c’est ainsi pouvoir établir une concertation sincère.

Ici aussi dans les Hauts de France, la démarche de concertation s’est structurée cette année avec la création d’un Parlement de la Mer. Je le salue, chers Jean-François Rapin et Frédéric Cuvillier !

J’aime la notion de parlement de la mer car on se donne l’ambition d’y faire des choix. Pourquoi ai-je souhaité être parlementaire ? Parce que je voulais voter des lois et changer la vie des gens !

Au moment du Brexit, des choix à faire en matière de planification des espaces maritimes, votre parlement de la mer est essentiel. Je serai à vos côtés pour que les décisions soient prises à la bonne échelle.

Je ferai évoluer le Conseil National de la Mer et des Littoraux. Car il nous faut réinventer nos relations.

Comment connecter les parlements avec le CNML ? Comment connecter les parlements avec la ministre de la Mer et la sphère européenne ? Je suis pour une recomposition du CNML.

Car là aussi il y a une nouvelle donne. Je vais m’employer à créer une direction de la mer. Le périmètre du SG Mer devra être revu.

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J’aimerais faire une parenthèse sur le Brexit. Le Président de la République l’a rappelé hier, les pêcheurs européens et français ne seront pas sacrifiés. Nous ne voulons pas d’un accord à tout prix !

Avec mon collègue Clément Beaune, nous étions hier aux côtés des pêcheurs français pour leur rappeler notre soutien plein et entier. Quelle que soit l’issue des négociations du Brexit, nous serons prêts à accompagner toute la filière.

C’est une négociation, cela demande du temps et des ajustements. Je pense qu’un accord reste possible, mais il doit garantir les intérêts de pêche des pêcheurs, français et européens, pour préserver leurs ressources et leurs accès.

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Je suis venu enfin, je vous le disais, pour vous présenter un projet qui me tient à cœur : remettre en lumière le sentier du littoral, symbole de la liberté d’accès à la mer pour des millions de nos concitoyens.

25 millions de français vivent dans un département ayant une façade maritime. La mer borde plus de 1000 communes du littoral de métropole et d’outre-mer. Elle constitue un capital pour vos territoires, vos départements, vos régions, notre pays.

Dans le cadre de la relance, je veux vous proposer une initiative qui me tient à cœur. Il s’agit du sentier du littoral, un « capital de liberté » essentiel dans le contexte actuel de crise sanitaire et économique.

J’ai proposé au Premier ministre, qui l’a accepté, de lancer une campagne de rénovation-extension de ce magnifique objet trop méconnu. Je vous annonce donc le lancement de l’initiative « France vue sur mer ».

En France, le CEREMA répertorie 5 800 km de cheminement ouverts, 1 200 km sont à l’étude. Derrière tous ces kilomètres, un même objectif travaillé par une multitude d’acteurs et une gestion partagée où l’action de l’Etat prend tout son sens.

Je m’engage à ce que  l’Etat investisse 10 fois plus pour :

  • assurer la continuité du parcours,
  • adapter les tracés en cas d’érosion ou de dérangement des habitats,
  • sensibiliser à l’environnement marin et littoral,
  • valoriser le patrimoine culturel.

Au-delà du tracé, le Ministère de la mer souhaite fédérer des projets pédagogiques, des projets de sensibilisation à la connaissance et la protection du littoral, de restauration du patrimoine côtier, d’accessibilité aux personnes handicapées, …

Ce projet c’est un ensemble  de petits travaux réalisables rapidement, qui permettent de valoriser vos démarches d’aménagement.

Je souhaite que ce projet soit l’occasion de créer un lien direct entre l’Etat et vous, les élus, pour parler des problématiques qui font votre quotidien.

J’écrirai aux maires des communes pour leur demander de nous faire part de leurs projets. Un comité de sélection sera organisé au niveau de chaque département.

Je vais mettre sur pied une « équipe projet ». Je souhaite constituer des binômes « un élu référent / un agent de l’Etat » pour contribuer également au dialogue que je souhaite le plus fluide entre l’Etat et collectivités. L’ANEL y aura toute sa place.

Ce qui me marque dans mes déplacements c’est votre passion pour vos territoires et les gens qui y vivent. Ce qui me marque aussi, c’est la complexité des sujets traités.

Je souhaite que le sentier du littoral soit le fil bleu de nos échanges car en parlant d’un sujet qui concerne tous les français nous pourrons aussi évoquer vos préoccupations quotidiennes d’élus : gérer l’accroissement de la pression démographique, le recul du trait de côte, le respect de la biodiversité, l’attractivité.

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Ces sujets littoraux, je les ai en partage avec Barbara Pompili et nous demandons aux services de l’Etat d’agir à vos côtés et je serai vigilante, comme le reste du gouvernement, à ce que l’efficacité soit collectivement notre guide !

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Mesdames, Messieurs, vous l’avez compris, ma méthode c’est la co-construction, les actions concrètes, le pragmatisme.

Je veux terminer par une pensée émue pour Antoine Rufenacht et Jacques Oudin [décédés cette année]. Je sais ce que nous devons aux élus du littoral qui s’engagent, je sais ce que nous devons à l’ANEL.

Je vous propose, Mesdames Messieurs les élus, de poursuivre tous ensemble sur ce sentier du littoral, de travailler tous ensemble à structurer une relation indéfectible entre les élus du littoral et le Ministère de la mer.