Plan Aquacultures d’avenir : retour sur la stratégie nationale de développement de l’aquaculture française, trois ans après son lancement

Mis à jour le 26/02/2025

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A l’occasion de l’édition 2025 du Salon international de l‘agriculture, la Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture (DGAMPA) vous propose de (re)découvrir la stratégie française de développement d’une aquaculture durable, à travers un état des lieux du Plan Aquacultures d’avenir 2021-2027 (ou « P2A »), dont elle est la garante et l’animatrice nationale.

Plan Aquacultures d’avenir  2021 - 2027

Plan Aquacultures d’avenir : Foire aux questions

L’aquaculture en France présente une grande diversité de techniques de production, d’espèces cultivées ou élevées et de type d’installations. Elle est présente dans l’Hexagone comme en outre-mer et offre des caractéristiques très diverses, souvent ancrées dans la tradition et le savoir-faire local, mais s’appuyant également sur la technologie et l’innovation, pour sécuriser la production, assurer sa croissance et s’intégrer au mieux dans l’environnement.
 

Non, l’aquaculture recouvre toutes formes d’élevage d’animaux et de culture de végétaux, marins ou d’eau douce. Son but est de maitriser et d’exploiter le cycle biologique de ces espèces dans un but de commercialisation, généralement à des fins de consommation humaine mais parfois également, pour assurer des opérations de repeuplement, de conservation ou d’usage ornemental, en bassin ou aquarium. On peut parler d’aquacultures car les modes de production peuvent être très variables d’une espèce ou d’un site à l’autre. On pourra ainsi distinguer :

  • l’aquaculture marine (autrement appelée « cultures marines » ou « élevages marins »), qui recouvre la conchyliculture - élevages de coquillages, parmi lesquels l’ostréiculture (huitres), la mytiliculture (moules), la vénériculture (palourdes), la cérastoculture (coques), - la pisciculture marine (élevages de poissons de type bar, daurade, maigre), la pénéiculture marine (élevage de crevettes), l’algoculture – ex : culture d’algues brunes, vertes ou rouges ;
     
  •  l’aquaculture continentale ou d’eau douce, qui recouvre principalement la pisciculture en étangs (carpes, sandre, brochet, etc.) et la pisciculture en bassins alimentée par des dérivations sur cours d’eau ou sur forage, notamment pour les salmonidés (saumons, truites) ou les esturgeons (pour la production de caviar), la pénéiculture, l’algoculture (ex : production de spiruline), ou encore la raniculture (élevage de grenouilles).


L’élevage ou la culture peuvent se faire en milieu ouvert (ex : en pleine mer), semi-ouvert (ex : en marais ou en étangs) ou fermé (en bassins). La maîtrise de la qualité et de la quantité de l’eau dans laquelle la culture ou l’élevage se pratiquent constitue donc un paramètre décisif pour ces productions qui dépendent fortement de leur environnement. En retour, minimiser les impacts potentiels de ces activités sur le milieu naturel constitue un réel enjeu pour les producteurs. De nouvelles formes de productions aquacoles émergent ces dernières années, notamment celles visant à favoriser les co-productions (dont l’aquaculture multi-trophique intégrée et l’aquaponie) ou à exploiter le potentiel d’espèces jusqu’alors peu élevées ou cultivées (holothuries, algues, etc.).

Oui, notamment du fait de son implantation sur tout le territoire, de l’effet structurant qu’elle peut avoir au niveau littoral ou rural et du potentiel de croissance qu’elle porte, y compris à une échelle européenne et internationale, décisif en termes de souveraineté alimentaire. 

En la matière, le rôle moteur de la France au sein de l’Union européenne n’est plus à démontrer puisqu’elle est le premier pays producteur d’huitres, d’algues et de salmonidés, et le deuxième en caviar et moules.

En 2022, la valeur des ventes du secteur aquacole (824 millions d’€) est quasiment identique à celle du secteur de la pêche maritime (843 millions d’€), pour une production de 183 896 tonnes (contre 447 000 tonnes pour la pêche maritime). La conchyliculture représente 77% des ventes en volume et 70% en valeur.

L’aquaculture française est portée par 3 444 entreprises employant plus de 12 500 permanents (donc hors saisonniers), de taille réduite (moins de deux équivalents temps plein en moyenne), donnée qui illustre le modèle familial qui la caractérise depuis des décennies. 

Au-delà de la question du modèle alimentaire que nos sociétés doivent adapter au regard des conséquences du réchauffement climatique, le développement de l’aquaculture est une nécessité si l’on veut inverser la balance commerciale déficitaire au regard du niveau d’importation des produits de la mer et d’aquaculture : la France est le 5ème importateur mondial en la matière, ce qui représente plus de 80% de notre consommation dans ce domaine. L’enjeu est donc double : rétablir la souveraineté alimentaire française et réduire l’impact des importations en termes d’émissions de CO2 et d’atteintes à la biodiversité.

Ce plan a été construit pour répondre à une question fondamentale : comment concilier l’objectif d’augmentation de la production, avec la qualité et le bien-être des espèces, le soutien des entreprises et de leurs salariés et la protection de l’environnement ? 

Les objectifs 

Le P2A vise à développer l’aquaculture en respectant les trois piliers du développement durable :

  • développer une activité anthropique fortement dépendante du milieu naturel et devant s’y intégrer en minimisant ses impacts en amont de sa chaine de production (intrants, source d’alimentation, utilisation de la ressource en eau, artificialisation, etc.) et en aval (limitation des rejets, des usages plastique, des échappements, etc.) et en s’appuyant sur des systèmes respectueux de l’environnement, s’en inspirant (solutions fondées sur la nature) et contribuant à sa qualité (services écosystémiques) ;
     
  • favoriser une activité bâtie sur des modèles économiques pérennes, rentables et cohérents, mais également diversifiés et complémentaires, répondant aux besoins des territoires et aux attentes des consommateurs, par une production locale, traçable, valorisée par des labels, mais également exportable pour assurer le rayonnement de la production ;
     
  • garantir à l’ensemble des acteurs de l’aquaculture, consommateurs et citoyens compris, un essor harmonieux du secteur aquacole, répondant aux craintes exprimées en matière d’installation ou d’extension (pollution, privatisation, utilisation des ressources sauvages, etc.), protégeant et accompagnant ses salarié.e.s par une politique d’inclusion, de formation et de prévention adaptée, maintenant un modèle économique attractif et respectueux des équilibres sectoriels et locaux.


Les acteurs

Le P2A dispose d’une assise politique, territoriale et sectorielle importante et transversale, puisqu’il a été signé officiellement en 2022 par les ministres chargés de l’agriculture, de la transition écologique et de la mer, Régions de France, le Comité national de la conchyliculture (CNC) et le Comité interprofessionnel des produits de l’aquaculture (CIPA).

Il associe une multiplicité de partenaires et d’acteurs : 

  • les services de l’Etat en administration centrale (DGAMPA, direction générale de l’alimentation, direction de l’eau et de la biodiversité, direction générale de la prévention des risques, direction générale de l’enseignement et de la recherche) et déconcentrée (DIRM, DRAAF, DREAL, DDT(M), DDPP, OFB) ;
     
  • les organisations professionnelles nationales et régionales de l’aquaculture (Comités national et régionaux de la pêche maritime et des élevages marins, comités national et régionaux de la conchyliculture), les syndicats et fédérations (ex : fédération française de l’aquaculture, syndicat français de l’aquaculture marine, association française des pisciculteurs d’étangs, Etangs de France, etc.) ;
     
  • les instituts scientifiques et centres techniques (ex : Institut français pour la recherche et l’exploitation de la mer (Ifremer), Institut technique avicole, cunicole et piscicole (Itavi), Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), CAPENA, CEPRALMAR, SMEL, SMIDAP…)
     
  • les collectivités locales, notamment les Régions.

Le P2A est bâti autour de 8 thématiques et constitué de 92 actions, toutes lancées, auxquelles sont adjointes deux annexes thématiques consacrées à l’aquaculture ultramarine et aux étangs, dont le potentiel et les enjeux nécessitaient une mise en valeur particulière. 

Le 6 février 2025, les signataires du Plan Aquacultures d’avenir et leurs partenaires se sont donnés rendez-vous à la Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture (DGAMPA) pour un comité de pilotage, afin de faire le bilan du chemin parcouru et fixer ensemble les priorités pour les années à venir. 

Les 8 axes du Plan Aquacultures d’avenir 2021-2027

Retrouvez le détail de l’avancement des actions et des priorités : 

[Axe 1] Accès à l’espace et simplification administrative

Une des ambitions premières du « P2A » est de garantir un espace de production suffisant, accessible, répondant aux besoins des professionnels et s’articulant avec les autres usages du littoral. Les actions prévues dans ce cadre visent donc à pérenniser les sites existants et à identifier des sites propices – attendu que les conséquences du réchauffement climatique devront nécessairement amener à réfléchir à la localisation, aux espèces et aux techniques de production. Elles ont également pour but d’améliorer l’acceptabilité sociétale des activités aquacoles en réduisant les conflits d’usage et en rassurant sur l’insertion des installations aquacoles dans les écosystèmes territoriaux. Cet exercice de planification est indispensable pour garantir la transparence et la concertation en amont des processus d’installation, donner de la visibilité aux entreprises et modéliser les évolutions des sites à l’aune du changement climatique.

Des réponses à vos questions

Non, car dans le cadre de la politique aquacole, l’identification de sites propices se construit à partir d’un ensemble de critères (bathymétrie, courantologie, paramètres physico-chimiques, qualité nutritionnelle, température, etc.) qu’il s’agira de mesurer et d’analyser à l’instant t et, dans l’idéal, de moduler dans le temps. L’objectif est avant tout de savoir quelles sont les zones les plus favorables au développement de l’aquaculture, en tenant compte des autres usages et de la sensibilité environnementale, sans pour autant les réserver strictement à cet usage. L’exercice est réalisé dans le cadre de la mise à jour des documents stratégiques de façade, mais l’objectif est aussi de favoriser la planification en milieu continental, dans le contexte particulier de la raréfaction des ressources en eau dans certaines régions et de la nécessité de trouver des solutions de partage. Des nouveaux espaces comme de nouvelles techniques et formes de production pourront être explorés à cette occasion.
 

Augmenter durablement la production aquacole passe également par la nécessité de faciliter la modernisation, la reprise, l’extension et l’installation d’unités d’exploitation, notamment via la simplification administrative, pour raccourcir les délais d’instruction, accompagner les porteurs de projet et rassurer les exploitants. L’environnement juridique et administratif doit être adapté aux techniques de production et au profil des exploitants.

Des réponses à vos questions

La simplification prévue dans le P2A vise avant tout à faciliter le dialogue entre instructeurs et porteurs de projet par la création de guides ou d’outils communs, à répondre à des questions d’interprétation, à mettre en place des procédures dématérialisées, voire à moderniser la règlementation pour s’adapter aux contraintes techniques. L’objectif n’est donc pas de déréguler au détriment de l’environnement, mais bien de faire se rejoindre préoccupations économiques et enjeux écologiques au sein de démarches proportionnées, partagées et effectives. Le développement de l’aquaculture se fait toujours dans le respect du cadre réglementaire, et notamment environnemental et sanitaire.

[Axe 2] Gestion sanitaire et zoosanitaire, bien-être des poissons

Les actions mises en œuvre dans ce cadre visent tout d’abord à produire des poissons sains et bien traités, répondant aux exigences sanitaires et sociétales, avec un modèle économique viable et en valorisant les sous-produits générés en toute sécurité. Dans le cadre du Programme National d'Eradication et de Surveillance (PNES), la profession poursuit la démarche d'acquisition de statut indemne des maladies réglementées NHI et SHV en s'appuyant sur les groupements de défense sanitaire, dont le soutien devra être renforcé. A la suite de la mise en place du règlement sur la loi santé animale, l'Etat et la profession œuvrent pour la généralisation de l'agrément zoosanitaire pour chaque unité de production. Les professionnels, en lien avec les organismes scientifiques et l’Etat, assurent le suivi de maladies émergentes (ex : lactococcose).

La question du bien-être des poissons fait également l’objet d’une grande attention, le sujet étant de plus en plus suivi dans la société civile et au sein de la Commission européenne. La profession a lancé plusieurs projets de recherche pour trouver des solutions en la matière, que ce soit durant l’élevage ou durant la phase d’abattage, pour réduire stress et douleur.

Des réponses à vos questions

Tout l’enjeu du PNES et du Plan Ecoantibio porté par le Ministère de l’agriculture, s’appuyant sur les groupements de défense sanitaire (associant des producteurs pour la prévention, la surveillance et l’éradication des maladies animales) pour leur mise en place, est justement de pouvoir assurer un développement responsable de la production en minimisant les risques de contamination et le recours aux médicaments. Cela passe donc par des actions relatives à la traçabilité des poissons, à des mesures sanitaires strictes lors des opérations de transport, de manutention, ainsi qu’au sein des élevages, à des bonnes pratiques en matière de nourrissage, de densité de population, d’entretiens des bassins, etc. L’intérêt des producteurs est d’amener leur cheptel à maturité dans les meilleures conditions, la responsabilisation en la matière est donc particulièrement forte. Il est d’ailleurs à noter que la pisciculture est l’élevage où le taux de recours aux antibiotiques est le moins élevé.
 

La logique de responsabilisation des producteurs est identique en conchyliculture, secteur particulièrement sensible du fait de la dépendance de ses cheptels à la qualité du milieu et présentant la particularité de ne s’appuyer sur aucun intrant, y compris médical, pour assurer le déroulement du cycle biologique. De fait, bien que les producteurs ne puissent maîtriser tous les facteurs exogènes ayant une influence sur la bonne marche de leur exploitation, ils s’engagent à mettre en place des mesures visant à garantir la mise sur le marché de produits sains, avec l’aide de l’Etat et des Régions, via des processus d’alerte, de surveillance, de mise à l’abri et de purification.

Des réponses à vos questions

Attention ! Il ne faut pas confondre les pathologies qui peuvent toucher les coquillages et entrainer parfois des mortalités massives des cheptels, qui sont dus à certains virus ou bactéries spécifiques qui les infectent ou à du phytoplancton toxique, dont la virulence peut être activée par des facteurs exogènes, comme l’augmentation des températures, des changements de la salinité des eaux ou des modifications de paramètres chimiques dans l’eau ; et les virus issus de l’Homme, présents dans l’eau de mer à la suite de dysfonctionnement des systèmes d’assainissement, filtrés et accumulés par les coquillages sans que cela ne les rende malades, mais qui deviennent vecteurs involontaires d’agents pathogènes, à la suite d’une pollution anthropique. Les épisodes de contamination au norovirus concernent la deuxième catégorie et n’ont rien à voir avec une maladie propre aux huitres.
 

[Axe 3] Recherche et innovation

L’aquaculture ayant pour objectif de maitriser le cycle biologique des espèces dans des conditions environnementales ou techniques parfois complexes, il est impératif de pouvoir développer des solutions innovantes, fondées sur les nouvelles technologies ou l’intelligence artificielle pour faciliter les opérations de suivi, d’alerte, de gestion, mais également sur la sélection génétique visant à identifier les critères d’adaptation ou de résistance des espèces aux maladies ou aux effets du réchauffement climatique, ainsi que sur la mise en place de techniques de production modulables et réactives.  

Permettre aux producteurs d’accéder au financement des investissements et des études sur la base de critères d’attribution transparents, ainsi que de pouvoir partager la connaissance scientifique et technique en matière de recherche et développement constituent les fondements même de la politique en matière d’innovation aquacole. L’engagement de toute la communauté scientifique et universitaire en ce sens est un réel atout !
 

Des réponses à vos questions

Rendez-vous auprès d’un guichet régional FEAMPA d’une Région littorale ou du guichet national FEAMPA porté par la Région Bretagne (couvrant également les projets d’aquaculture continentale). Guettez la parution des appels à projet thématiques qui vous permettront de déposer votre dossier de demande de financement. En fonction de la taille de votre projet, rapprochez-vous de pôles de compétitivité comme le pôle Aquimer pour un accompagnement sur mesure.
 

[Axe 4] Gestion des risques

Compte tenu des nombreux aléas auxquels les aquaculteurs doivent faire face, des outils de prévention et d’indemnisation privés doivent être mis en place, les pouvoirs publics ne pouvant indemniser directement et systématiquement les pertes de productions et pertes économiques. En conchyliculture comme en pisciculture, l’objectif est donc de bâtir des systèmes assurantiels dédiés, comme des fonds de mutualisation ou des dispositifs de garantie assurantielle, accompagnés par le FEAMPA. De même, cet axe vise à trouver des solutions pour permettre la cohabitation entre élevages et prédateurs, via des projets de technique de protection, des programmes d’acquisition de connaissances sur le comportement des prédateurs ou des études de caractérisation du préjudice.
 

[Axe 5] Développement économique

L’objectif est de permettre aux sites existants de révéler tout leur potentiel en facilitant les approvisionnements, en identifiant les marges et souplesses d’exploitation et en identifiant les possibilités nouvelles de développement, tant par les techniques de production que par les espèces. 

De même, selon les filières et les régions, les professionnels doivent pouvoir diversifier leurs activités (combinaison production/dégustation, production/découverte patrimoniale, etc.) et/ou leur production (combinaison coquillages/algues ou crustacés, etc.). C’est tout le sens du groupe de travail national sur l’AMTI et les coproductions bénéfiques entre espèces, des travaux sur l’encadrement des activités de dégustation en conchyliculture ou sur les possibilités de production d’espèces localement absentes ou exotiques en installation aquacole fermée.

Le soutien à des filières jusqu’alors faiblement valorisées est également à mettre en avant, comme la filière étangs ou la filière algale, qui vient de faire l’objet d’une feuille de route dédiée.

La défense des filières aquacoles françaises passe également par leur valorisation : structuration autour d’organisations de producteurs, développement de nouveaux marchés, y compris à l’export, négociations européennes et internationales autour de mesures ou de clauses-miroir visant à exiger des pays tiers exportateurs des normes similaires à celles appliquées sur le territoire européen ou national, développement de labels et travaux sur l’étiquetage de l’origine des produits, mais également sensibilisation et éducation du consommateur pour favoriser l’acceptabilité du produit par une meilleure connaissance du mode de production, du fonctionnement de l’espèce et des qualités gustatives et nutritionnelles des produits.

Des réponses à vos questions

Aucune solution particulière n’est favorisée, à part celle de garantir la diversité des modèles de production qui fait justement la richesse de la France. Les projets sont tous examinés à l’aune de la règlementation applicable, qui demeure une des plus strictes de l’Union européenne, compte tenu des régimes d’autorisation ICPE applicables dès 20 tonnes de production par an, et/ou IOTA applicables en cas d’impacts importants sur l’eau. La pertinence du modèle économique, la solidité des garanties environnementales, la surveillance sanitaire et zoosanitaire, la capacité d’intégration au sein du territoire, notamment dans des zones sous tension, constituent bien entendu des critères que les entreprises doivent anticiper tout particulièrement dans leur dossier par des mesures spécifiques qu’ils doivent mettre pleinement en œuvre lorsqu’ils disposent des autorisations requises.

[Axe 6] Attractivité et formation

L’aquaculture est souvent peu connue, si ce n’est dans les actuels bassins de production conchylicoles, les grandes régions d’étang ou certaines zones de tradition piscicole sur cours d’eau. Sa faible visibilité, allié à un certain degré de technicité et de contraintes dû au travail sur le vivant, nécessite un effort majeur pour rendre ce secteur plus attractif, notamment en accompagnant l’installation et la transmission des exploitations : simplification du parcours d’installation de nouveaux aquaculteurs, soutien à la mise en réseau des acteurs (cédants/repreneurs, étudiants/entrepreneurs, etc.), valorisation des métiers par des opérations de communication, renforcement de la qualité des conditions de travail ou mise à disposition de guides dédiés, etc. Dans un contexte de difficultés de recrutement et de renouvellement générationnel, ces opérations sont indispensables pour assurer la pérennité de la production et le développement des exploitations.

En parallèle, les formations professionnelles, initiales comme continues, doivent être adaptées aux besoins des filières, à travers la mise à jour des référentiels et des modalités de formation tant en termes de format que de contenu, au vu des nouvelles exigences règlementaires, sanitaires ou environnementales.
 

Des réponses à vos questions

Rendez-vous sur le site « La mer embauche » du ministère chargé de la mer pour les cultures marines ou sur le site « L’aventure du vivant » du ministère chargé de l’agriculture pour l’aquaculture continentale. 
 

[Axe 7] Valorisation des productions et performance environnementale

Compte tenu de l’image parfois dégradée et déformée dont pâtit l’aquaculture française, vue au prisme d’exemples internationaux souvent alarmants bien que les modalités d’élevage y soient sans commune mesure avec les nôtres, cet axe est particulièrement important. Il vient mettre en lumière les engagements et les efforts majeurs de la profession et des parties prenantes pour inscrire le secteur aquacole dans une logique de durabilité et d’exemplarité. Les actions qui le constituent visent à soutenir les démarches de réduction d’impact sur l’environnement, au titre de l’utilisation des ressources (eau, poissons sauvages pour le nourrissage), du recours aux intrants (médicaments, suppléments, etc.), des rejets (matières et substances issues du cycle biologique en tant que tel, déchets plastique des supports d’élevage ou de culture ou des systèmes de lutte contre la prédation). Ces démarches doivent pouvoir être valorisées via des systèmes de labels et de certification (label bio, par exemple) qu’il s’agit de favoriser et de soutenir. De même, pour que le processus de production soit pleinement efficient, l’articulation avec le maillon « transformation » doit être bien calibrée et révéler pleinement la qualité du produit.
 

Des réponses à vos questions

L’aquaculture demeure une activité anthropique qui s’appuie sur un milieu naturel pour faire croître sa production. Elle aura donc toujours un impact potentiel, comme toute action humaine en zone naturelle. Pour autant, les efforts réalisés par les professionnels depuis plusieurs années pour réduire la part de protéines animales issues de pêche minotière, l’encadrement règlementaire applicable avec des normes strictes en termes de rejets dans les eaux douces et marines, le suivi des exploitations en matière sanitaire et zoosanitaire, l’évolution des techniques et des modes de production appuyée par les instituts de recherche attestent d’un réel engagement pour réduire au maximum les impacts sur l’environnement. 

Les travaux sur les co-productions, l’aquaculture multi-trophique intégrée, l’aquaponie, mais également sur la phyto-épuration, la recirculation de l’eau, ou sur les sources d’alimentation alternatives comme les micro-algues, les insectes ou les sous-produits méritent d’être soulignés. De plus, chaque type d’aquaculture a ses propres impacts, comme ses propres bienfaits environnementaux. Il faut donc conserver une approche certes vigilante, mais ouverte et différenciée, en fonction des espèces et techniques en présence et de la sensibilité du milieu.
 

[Axe 8] Données

Dernier axe mais non des moindres, le sujet des données – volume et valeur de production, surfaces travaillées, nombre de sites, effectifs, etc. – constitue un des piliers de la politique aquacole, puisqu’il permet d’ajuster et d’orienter les actions à mettre en place. Compte tenu de la multiplicité des sources (enquêtes, déclarations, études, etc.) et de la nécessité de fiabiliser les données sans faire peser une charge administrative trop lourde sur les professionnels, il s’agit donc de collecter l’information de manière dématérialisée et automatisée et de la valoriser sous un format partagé, visuellement compréhensible et suffisamment analytique pour être exploité facilement. 

C’est le sens de la démarche de la start-up d’Etat Aquapreneur, qui vise à faciliter la télédéclaration des productions aquacoles et à devenir un portail unique de l’aquaculteur (marin, dans un premier temps), ou du Portail Aquaculture sur Géolittoral. C’est également le sens des travaux sur les réseaux de surveillance de la santé des coquillages menés avec Ifremer et les centres techniques
 

Quelle stratégie pour demain ?

Le comité de pilotage du 6 février dernier a conclu à la nécessité d’accélérer les efforts en matière de simplification et de résolutions des difficultés d’application réglementaire, de soutien économique via le FEAMPA, de qualité de l’eau, de lutte contre la prédation, d’accompagnement dans le renouvellement des générations, compte tenu des freins encore importants qui pèsent sur une progression de la production. 

La question de l’adaptation au changement climatique s’est imposée comme une évidence, au vu de l’évolution du milieu de production, des tensions autour des ressources naturelles, des besoins en matière de recherche et de modélisation. 
Dans ce cadre, un pilotage resserré des actions, avec un bilan annuel et des sessions intermédiaires en bilatérale, sera organisé sous l’égide de la DGAMPA. 

Rendez-vous au Salon de l’agriculture 2026 pour fêter les quatre ans du P2A !

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