Océan et climat : 10 ans après l’Accord de Paris

Mis à jour le 12/12/2025

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Adopté à l’unanimité le 12 décembre 2015 par 196 pays, l’Accord de Paris fixe un cap historique : limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2 °C, et poursuivre les efforts pour le contenir à 1,5 °C. Si la lutte contre le changement climatique s’est longtemps focalisée sur les émissions terrestres, un acteur essentiel a progressivement trouvé sa place au cœur des négociations internationales : l’Océan, en tant que régulateur du climat.

Arnaud Bouissou / Terra

Une intégration progressive de l’Océan dans la lutte contre le changement climatique

Il y a dix ans, l’Accord de Paris était adopté à l’issue de la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP21). L’Océan n’était encore que très peu mentionné dans les instruments juridiques internationaux. C’est grâce à la mobilisation de la communauté scientifique qui a permis aux décideurs politiques d’introduire, une référence aux océans dans le préambule de l’Accord de Paris (« notant qu’il importe de veiller à l’intégrité de tous les écosystèmes, y compris les océans »). Depuis, les avancées scientifiques et la mobilisation de la société civile ont profondément changé le regard porté sur le rôle clé joué par l’Océan global dans la régulation du climat.

Au cours d’une décennie, cette « simple mention » dans le préambule de l’Accord de Paris a permis à l’Océan d’obtenir la reconnaissance de son rôle central dans la lutte contre le changement climatique. L’Océan n’est plus seulement perçu comme vulnérable : il est désormais reconnu comme un véritable poumon de notre planète, une source de vie et une solution indispensable face au changement climatique. Cette reconnaissance progressive marque un tournant majeur : protéger l’Océan, c’est aussi protéger le climat.

L’Océan, une solution climatique essentielle

L’Océan régule le climat global grâce à la circulation océanique, qui redistribue la chaleur sur la planète. Les écosystèmes marins sont des puits de carbone majeurs.

L’Océan absorbe environ 25 % du CO₂ émis chaque année par les activités humaines.

Il capte plus de 90 % de l’excès de chaleur généré par le changement climatique, évitant ainsi une hausse encore plus forte des températures atmosphériques.

Selon de nombreuses études scientifiques, les solutions fondées sur l’Océan pourraient contribuer jusqu’à 35 % de la réduction des émissions nécessaires d’ici 2050. Ces solutions reposent notamment sur : 

  • la conservation et la restauration des écosystèmes de carbone bleu (mangroves, herbiers marins) ;
  • le déploiement des énergies marines renouvelables ;
  • la conservation et l'utilisation durable de la biodiversité marine.

Dix ans d’avancées majeures pour l’Océan

L’Océan, poumon bleu de la planète et berceau de la vie, est un bien commun de l’humanité qu’il nous appartient de préserver pour les générations présentes et futures. Son rôle essentiel dans la régulation du climat est désormais indiscutable, et nous agissons à tous les niveaux pour le protéger. 

L’intégration de l’Océan dans les débats publics et politiques doit beaucoup à l’action collective menée par les scientifiques, les ONG, les acteurs publics et privés, les institutions et les États, dont la France. Parmi les acteurs clés figure le Centre national de la recherche scientifique, l’Institut français de la mer et la Plateforme Océan & Climat. 

Co-Fondée en 2014 par Catherine Chabaud, alors députée européenne, la Plateforme Océan & Climat est un réseau international de plus de 115 organisations. Elle joue un rôle déterminant pour faire entendre la voix de l’Océan dans les négociations internationales. Soutenue par l’État français et la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO, elle intervient depuis la COP21 pour inscrire durablement l’Océan à l’agenda climatique mondial.

Chronologie des avancées majeures pour l'Océan

2015 : COP21, Paris (France), intégration de l’Océan dans le préambule de l’Accord de Paris.

2016 : COP22, Marrakech (Maroc), lancement du Partenariat de Marrakech pour l’Action Climatique Mondiale, avec un groupe dédié à l’Océan et aux zones côtières.

2017 : 1re Conférence des Nations unies pour l’Océan, New York (États-Unis).

2018 : Publication du Rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur l’Océan et la cryosphère.

2019 : COP25, Madrid (Espagne), « COP Bleue » sous présidence chilienne, première inclusion de l’Océan dans une décision de la COP et adoption d’un dialogue sur l’Océan et le changement climatique.

2021 : COP26, Glasgow (Royaume-Uni), décision de renforcer le lien océan-climat dans le cadre de la Convention-Cadre des Nations unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) et de rendre le dialogue sur l’Océan et le changement climatique annuel.

2022 :

  • 2e Conférence des Nations unies pour l’Océan, Lisbonne (Portugal).
  • COP15, Montréal (Canada), adoption du Cadre mondial sur la biodiversité de Kunming-Montréal.
  • COP27, Charm el-Cheikh (Égypte), décision de renforcer les actions basées sur l’Océan dans les stratégies nationales.

2023 :

  • Adoption de l’Accord des Nations Unies sur la biodiversité en haute mer (BBNJ).
  • COP28, Dubaï (Émirats arabes unis), inclusion de l’Océan dans le premier Bilan mondial et lancement des Ocean Breakthroughs.
  • Stratégie de l’Organisation maritime internationale (OMI) sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre des navires.

2024 : COP16, Cali (Colombie), adoption du Programme de travail révisé de la Convention pour la Diversité Biologique (CDB) sur la biodiversité marine et côtière. 

2025 :

 

(Source : Plateforme Océan & Climat, 2025, Un changement de cap collectif pour l’océan, le climat et la biodiversité, 24 pages)

Et maintenant ?

La France se mobilise pour la mise en œuvre du traité BBNJ et du Pacte européen pour l’Océan.

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