Quel bilan pour la 3e Conférence des Nations unies sur l’Océan ?
Mis à jour le 19/06/2025
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La 3e Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC-3) s’est tenue à Nice, du 9 au 13 juin 2025. Moment fondateur pour l’environnement marin, elle s’est conclue après des annonces inédites et décisives en faveur de la protection de l’océan. Qualifiée d’historique, cette conférence marque un tournant majeur. On fait le point sur les principales décisions à retenir.

Ivan Guilbert / Terra
Un cap clair pour une protection renforcée de l’océan
Durant cinq jours, chefs d’État, scientifiques, acteurs économiques et financiers, ONG et associations environnementales se sont mobilisés pour prendre des mesures concrètes en faveur de l’océan. La France, organisatrice avec le Costa Rica de la conférence, a su donner une direction claire autour de quatre axes prioritaires :
Protéger la biodiversité marine
Des mesures historiques ont été annoncées pour renforcer la protection de l’océan. La France a recueilli suffisamment de ratifications et de promesses de ratifications pour le traité sur la protection de la haute mer (traité BBNJ), permettant son entrée en vigueur dès 2026. Ainsi, la haute mer, qui représente 64 % des eaux océaniques, sera protégée par des règles internationales.
Au niveau national, la France prévoit :
- la création de la plus grande aire marine protégée au monde en Polynésie française, soit 4,8 millions de km², dont 900 000 km² sous protection stricte ;
- d'ici fin 2026, 78 % de la surface marine française sera protégée, dont 14,8 % sous protection forte, contre 4,8 % aujourd’hui ;
- d’ici fin 2026, 4 % des eaux hexagonales passeront sous protection forte, contre 0,1 % actuellement ;
- d'ici 2028, chaque aire marine protégée devra inclure au moins une zone de protection forte.
Dans ces zones de protection forte seront interdites toutes activités qui pourraient endommager la biodiversité marine (chalutage de fond, pêche de loisir, nautisme).
La France tient ainsi dès aujourd’hui son engagement de placer 10 % de ses eaux territoriales sous protection forte d’ici 2030 et encourage les autres pays à faire de même, pour atteindre plus de 30 % de mers protégées à l’échelle mondiale.
Lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée
La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) représente jusqu’à 15 % des captures mondiales et constitue un fléau écologique, humain, social et économique majeur. Pour lutter contre cette pêche illégale, la France a décidé de renforcer les moyens de contrôle, de moderniser les outils de surveillance et d’accroître la coopération internationale.
Trois priorités ont été fixées :
- Renforcer les règles internationales : lors de l’UNOC-3, la France a appelé à ratifier des accords clés, tels que l’accord de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sur les mesures du ressort de l’État du port, la Convention 188 sur les conditions de travail à bord des navires de pêche et l'accord de l'Organisation mondiale du commerce sur les subventions à la pêche.
- Intégrer la lutte contre la pêche illégale dans le Pacte européen sur les Océans, afin d’améliorer la traçabilité et de conditionner les licences de pêche à des engagements en matière de lutte contre la pêche INN.
- Soutenir les pêcheurs responsables, qui pratiquent une pêche durable et respectueuse des lois.
Ces actions visent à protéger les écosystèmes marins, à soutenir les économies maritimes locales et à garantir des conditions de travail décentes pour les marins-pêcheurs.
Dossier de presse « Lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) »
Décarboner le transport maritime
Le transport maritime représente 90 % des échanges mondiaux et 3 % des émissions de gaz à effet de serre. Pour y remédier, l’Organisation maritime internationale a adopté en 2023 un accord visant à réduire les émissions de 20 % d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Dans ce cadre, des mesures contraignantes, dont une tarification du carbone, seront votées en octobre 2025. L’UNOC-3 a été l’occasion pour la France d’assurer le soutien nécessaire à l’adoption de ces futures mesures.
Au niveau national, la France a adopté une stratégie ambitieuse pour atteindre la neutralité carbone, en collaboration avec l’ensemble de la filière.
Elle repose sur trois leviers majeurs :
- Efficacité énergétique : optimisation des carènes, entretien des navires, développement des systèmes d’économie d’énergie et routage météo.
- Sobriété : réduction volontaire de la vitesse des navires (jusqu’à -30 % d’émissions possibles), limitation des voyages à vide et mutualisation du fret.
- Transition énergétique : substitution progressive du fioul lourd par des biocarburants et e-carburants, et mise en place de sources d’énergie et de technologies décarbonées (vent, etc.).
Cette transformation impose aussi de repenser en profondeur tout l’écosystème maritime. La France investit 1,5 milliard d’euros dans la modernisation des ports, la formation des professionnels et l’innovation, via le plan France 2030.
Lutter contre la pollution plastique
Lors de l’UNOC-3, la France a renforcé son engagement dans la lutte contre la pollution plastique.
En Méditerranée, elle a lancé une déclaration adoptée par les pays riverains dans le cadre de la Convention de Barcelone visant à renforcer la protection de l’environnement et à lutter contre la pollution plastique dans cette région.
La France prépare aussi activement les négociations d’un traité mondial contre la pollution plastique, prévues en août 2025 à Genève. À cette occasion, elle a initié l’Appel de Nice, soutenu par 96 pays, visant l’élimination de la pollution plastique d’ici 2040, avec cinq priorités :
- réduire la production et la consommation de plastiques ;
- éliminer les plastiques nocifs et les substances chimiques préoccupantes ;
- concevoir des produits plus durables et sains ;
- mettre en place un mécanisme financier solide ;
- prévoir un traité capable d’évoluer dans le temps selon les avancées scientifiques.
En parallèle, la France a annoncé la mise en place d’un Plan Plastique 2025-2030 au niveau national, axé sur :
- l’éco-conception des produits prenant en compte la recyclabilité et la réemployabilité des emballages plastiques ;
- le développement d'une vision industrielle de l'économie circulaire du plastique, avec des investissements dans des infrastructures de réemploi et de recyclage ;
- le soutien aux collectivités pour améliorer la performance de collecte et de tri ;
- l’exemplarité des acteurs publics et privés dans leur usage des produits plastiques.
Dossier de presse « Réduire nos usages du plastique : la France s’engage »
Une vague d’engagements ambitieux pour clôturer la conférence
« Parce qu’après Nice, l’océan se portera vraiment mieux »
- océanographe et exploratrice américaine.
L’UNOC-3 a réuni une mobilisation sans précédent pour la protection de l’océan : 175 États, 64 chefs d’État et de gouvernement, 28 responsables d’organisations onusiennes, intergouvernementales et internationales, 115 ministres, 12 000 délégués et près de 130 000 visiteurs venus assister à plus de 1 000 événements.
Au cœur de cette mobilisation, une dynamique forte s’est concrétisée à travers :
- une déclaration politique commune des États ;
- plus de 800 engagements volontaires pris depuis l’UNOC-2 par des gouvernements, des scientifiques, des ONG et des acteurs de la société civile.
Ces « Engagements de Nice pour l’Océan » constituent ainsi une feuille de route ambitieuse vers la réalisation de l’Objectif de développement durable n°14, pierre angulaire de la protection de l’océan à l’horizon 2030.